senior man with drawing storm cloud

Comment détecter le courage chez les jeunes femmes et les jeunes hommes qui ont un potentiel pour devenir dirigeant dans une entreprise ? comment créer les conditions pour que s’exprime le courage et qu’il soit reconnu ? est-ce une préoccupation des chefs d’entreprise et de ceux qui ont la responsabilité de la gestion des compétences et des parcours professionnels ?

C’est en tout cas une réalité: un dirigeant pas courageux, est un exécutant.

 

“Aucun dirigeant ne semble capable d’imaginer le bénéfice du courage et donc pas davantage le coût de la lâcheté”

Cet article publié par Le nouvel Economiste en septembre dernier décrit les sphères gouvernementales et les contorsions qui y sont pratiquées avec souplesse et imagination pour rendre logique et cohérent, ce qui n’est que contradiction et incohérence.

Cette question se pose aussi dans les entreprises. Comment peuvent-elles fermer les yeux sur la lâcheté et s’installer ainsi dans les dysfonctionnements coûteux en termes financiers, contreproductifs en terme de management, de climat social et d’efficacité ? C’est particulièrement préoccupant dans toute entreprise qui gère un risque industriel.

C’est une question essentielle au moment où une crise de confiance majeure s’installe dans les entreprises et plus globalement dans le pays qui n’arrive plus à faire vivre et respecter ses valeurs républicaines.

Le courage : l’exemplarité du chef d’entreprise est la condition sine que non

Il est difficile d’imaginer un chef d’entreprise pas courageux. Le métier des chefs d’entreprise est fait de prises de risque, de choix, d’anticipation.  Leur responsabilité est d’assurer leurs choix et de se battre pour les mettre en œuvre, pour trouver les ressources pour cela.

C’est aussi de les expliquer et de les partager avec leurs équipes, et avec leurs responsables pour leur réussite et la solidité de l’Entreprise dans la durée. Dans les grandes entreprises, il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui ont le titre de « dirigeant » et qui pratiquent plus l’art du courtisan que celui du manager.  Considérant certainement cela plus efficace pour le bon déroulement de leur carrière. C’est sans doute plus confortable que l’expression d’un avis différent ou la remise en cause d’un système inadapté.

La sécurité  de l’emploi qu’offre une grande entreprise ne semble pas éviter la peur dans les strates les plus élevées. Et pourtant anticiper les évolutions multiples et foisonnantes des clients,   garantir les emplois et la création de valeur dans la durée..cela ne peut pas être conduit par des dirigeants serviles.

 Savoir se remettre en question pour progresser à titre individuel et collectif

Le courage consiste aussi à faire preuve de lucidité et de modestie. Se tromper est humain et possible, reproduire cette erreur ne l’est pas. Beaucoup de travaux mettent aujourd’hui en avant la pratique des américains qui considèrent l’échec comme un plus, dans un parcours professionnel. Ils ont mille fois raisons. La pratique française, directement issue de l’éducation reçue, conduit à un comportement exactement inverse. L’échec est mal vu.  C’est une « tâche » dans un CV. Dans ce genre de contexte, reconnaître une erreur, en parler n’est pas évident. Dans un contexte où la confiance n’existe pas, c’est impossible ou suicidaire.  On peut dire aussi que c’est courageux. Or c’est à partir de sa capacité à écouter et à créer les conditions pour que chacun se sente autorisé à s’exprimer sans craindre la sanction, que se joue la crédibilité du dirigeant pour créer ce climat de confiance, et donc de progrès collectif.

Le courage de parler, de dire ce que l’on pense

Lors d’un changement de Président, de Directeur ou de responsable, j’ai vu des équipes se dissoudre dans des attitudes égoïstes par peur. Quelle peur ? Inexplicable, mais pourtant chacun se méfie de l’autre devenu un possible concurrent. Ces banales situations révèlent un comportement collectif plus ou moins conscient.  Il est important d’en parler. Le courage ne consiste pas à accomplir  des actes héroïques quotidiennement, ni à livrer des batailles le glaive au bout du bras, ni à s’exposer la poitrine en avant. C’est une façon d’être, de vivre le respect de l’autre et des valeurs à la définition desquelles chacun a contribué.

C’est tout simplement se parler pour identifier la situation, et éviter ainsi de s’installer dans le « chacun pour soi » si peu efficace pour l’entreprise.

Le courage, ce n’est pas compliqué

On peut se demander comment nous en sommes arrivés à parler de courage là où il s’agit simplement d’être en phase avec soi-même, de respecter l’autre et de s’exprimer pour contribuer à la vie de l’équipe, de l’entreprise.

Avec les différentes équipes dont j’ai été responsable, j’ai régulièrement abordé ce sujet. Nous avons travaillé sur des situations concrètes, comme par exemple l’organisation et la conduite des réunions du Comité exécutif. L’objectif étant que chacun s’exprime sans attendre  de sentir dans quel sens le vent va souffler, et contribue ainsi à une prise de décision qu’il mettra en œuvre en la portant, et non à contre cœur.

Beaucoup de situations peuvent être ainsi travaillées : savoir dire à un collègue qu’il ne donne pas satisfaction, faire des entretiens individuels constructifs, soutenir un projet difficile à mettre en œuvre. Le fait est que c’est un édifice bien fragile que le moindre souffle met à bas.