C’est la question proposée à la réflexion d’un groupe d’élèves de Centrale-Supelec, l’Essec et Strate. Partis 10, ils arrivèrent 5 pour la présentation de leurs conclusions mi-mars et 2 pour le retour d’expérience de ce travail. Une seule fille dans le groupe et qui est restée jusqu’au bout !
Le moins que l’on puisse dire est que le sujet n’attire pas les étudiants des grandes écoles. Par ailleurs, nous avons été surpris par le nombre de dirigeants qui se sont prêtés au jeu, pour recevoir ces étudiants et assister à la conclusion de leurs travaux. Plusieurs enseignants des écoles en question se sont aussi déplacés.
Un moment de partage autour de quelques idées pour faire bouger les lignes entre des mondes qui vivent en parallèle.
Le « café avec des dirigeants »
Créer une plus grande fluidité entre les dirigeants, les enseignants et les étudiants, c’est l’objectif de la proposition présentée par les élèves. Concrétisée par l’idée d’un café des dirigeants ou plutôt « avec des dirigeants » symbolisant la recherche d’une relation basée sur la simplicité et l’échange. Il ne s’agit pas d’une réunion virtuelle par skype mais bien d’une rencontre autour d’un café.
Elle reflète l’étonnement de ces jeunes d’avoir parlé avec des dirigeants, qu’ils imaginaient inaccessibles. Elle exprime aussi leur prise de conscience de la distance entre l’enseignement, leurs propres préoccupations immédiates essentiellement tournées vers l’obtention des résultats à leurs examens, et la réalité dans l’entreprise.
Cette idée du café est l’espoir d’une réelle interaction et d’une rencontre authentique. Une approche apprenante basée sur l’échange.
Effet miroir
Equilibre court terme/long terme, proximité distante, relation humaine, équilibre vie personnelle/vie professionnelle, solitude du dirigeant…autant de ressentis et de sujets exprimés par les étudiants à la suite des entretiens avec des dirigeants, qui reflètent une réalité banale.
Une image bien peu attractive de la vie des femmes et des hommes qui vivent cette fonction. Je me demande toujours pourquoi ceux-ci n’expriment pas plutôt la façon dont ils trouvent leur équilibre personnel, comment ils gèrent les paradoxes inéluctables à leur responsabilité. Exprimer l’alchimie subtile entre l’autorité, l’innovation, la stratégie et le « flair »…l’imagination…
Apprendre à raisonner, à penser et à être …. c’est l’exemple que devraient donner ceux qui ont des responsabilités (http://ledesirdepenser.com/partager-le-desi…la-liberte-detre/.
Sont-ce finalement des « banalités » puisqu’ils les ont exprimées encore et encore… ?
Pour suivre, poursuivre en sortant des sentiers battus et rabattus
L’un des élèves était venu au début du cycle, avec l’espoir d’avoir à créer une application numérique. Nous ne l’avons rapidement plus revu. Finalement il n’avait pas tout à fait tort, en ce sens que ces travaux pourraient partir de la réalité dans laquelle ils vivent plutôt que des approches classiques qui aboutiront vraisemblablement à un résultat équivalent à celui de cette année.
Ainsi plusieurs angles pour nourrir les échanges étudiants/dirigeants/enseignants peuvent être imaginés : les réseaux sociaux dans l’entreprise, l’intégration du numérique dans l’évolution des processus internes à l’entreprise, ou dans son approche client etc …., l’équilibre virtuel/relation humaine. Comment un dirigeant ouvre-t-il la voie de la transformation et de l’innovation ? Les interactions entre les générations (x, y, z…) dans l’entreprise : complémentarité ou dialogue de sourds. Le dialogue social demain etc… etc…..
L’identification des sujets concrets à travailler pour la prochaine expérience pourrait être faite dans un « café avec des dirigeants ».
S’écouter au risque de changer !
Certes le petit groupe de pilotage de cette expérience auquel j’ai eu la chance de participer, a été déçu du peu d’engagement et d’intérêt manifesté par ces élèves futurs jeunes dirigeants. Etonné de constater qu’aucun d’entre eux n’avait cherché à en savoir plus par des lectures ou des recherches ne serait-ce que sur internet. Avons-nous su les écouter pour capter leurs centres d’intérêts, leurs aspirations et leur ressenti ? pour leur donner envie d’aller un peu au-delà des réflexions convenues qu’ils ont parfois entendues ?
Un cadrage plus précis. Des étapes plus formalisées avec un suivi personnalisé. Une relation suivie avec les dirigeants tout au long du module. Plusieurs améliorations de fond et de forme ont été suggérées lors du débriefing. Au-delà de ce retour d’expérience concret, le principal enseignement pour moi est la difficulté à mettre en résonance et donc en « écoute » mutuelle des dirigeants, des enseignants et des étudiants dans l’objectif de créer du débat et de changer la représentation caricaturale que chacun a de l’autre. N’est-ce-pas aussi cela le « café avec des dirigeants » ?
