Intéressant « coup de gueule » d’André Comte-Sponville, auteur philosophe invité hier de l’émission « Grand bien vous fasse » sur France Inter. Seul un homme comme lui, de son âge, peut se permettre de parler comme il le fait. Il n’est pas « politiquement correct ».
« Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant » écrivait Montaigne dans Les Essais.
Le philosophe rappelle que la très grande majorité d’entre nous, mourra d’autre chose que du coronavirus. D’ailleurs aujourd’hui les chiffres quotidiennement publiés ne permettent pas de différencier les causes des décès dans les EPHAD. Prendre du recul aujourd’hui comme le fait André Comte-Sponville n’est pas facile. J’imagine que le gouvernement a bien en tête les vérités rappelées dans cet interview.
« Gouverner c’est prévoir et ne rien prévoir c’est courir à sa perte« , selon Emile de Girardin (La politique universelle 1852). Il est vrai que nous aurions pu sinon prévoir ce virus, du moins dans l’idée qu’un fléau de ce genre était inéluctable à un horizon de temps inconnu….dans cet esprit là, nous aurions pu nous atteler à réduire le plus possible notre endettement. Rappelons que celui-ci a bondi de 28% dans les années 1984-1986 et depuis n’a été jugulé par aucun gouvernement. Nous serions dans une meilleure position au niveau européen, pour négocier la part de l’endettement pris en charge par la Communauté, et réduire ainsi la charge qui pèsera sur les jeunes générations et pour longtemps.
« La cigale ayant chanté/tout l’été/ se trouva fort dépourvue/ quand la bise fut venue/pas un seul petit morceau/de mouche ou de vermisseau/Elle alla crier famine/chez la fourmi sa voisine/la priant de lui prêter/quelque grain pour subsister/jusqu’à la saison nouvelle/Je vous paierai, lui dit-elle/avant l’août, foi d’animal/Intérêt et principal/La fourmi n’est pas prêteuse/c’est là son moindre défaut/ »Que faisiez-vous au temps chaud?/dit-elle à cette emprunteuse/-Nuit et jour à tout venant/je chantais, ne vous déplaise/-Vous chantiez ? J’en suis fort aise/Eh bien, dansez maintenant » Jean de la Fontaine. Un dialogue qui pourrait être celui de l’Allemagne et de la France en ce moment.
C’est la responsabilité de tout gouvernement de penser long terme et de prendre en compte que moult catastrophes se produiront de façon inéluctable, à un moment donné. Chaque gouvernement depuis presque quarante ans, a sa part de responsabilité dans la situation fragile qui est la nôtre aujourd’hui, à la veille d’une récession de l’ordre de celle d’après guerre.
C’est à chacun d’entre nous de réfléchir à notre responsabilité individuelle et collective pour contribuer à porter ces valeurs de long terme et à faire basculer le poids de la balance vers l’altruisme plutôt que vers l’égoïsme, et faire ainsi mentir André Comte-Sponville lorsqu’il dit qu’une épidémie ne change pas l’humanité, .